mercredi, janvier 25, 2006

Prisonniers politiques lavalassiens?

J’ai vu à plusieurs reprises, à la télévision un groupe de femmes qui manifestent pour demander la libération de “prisonniers politiques” lavalassiens parmi lesquels se retrouvent leurs maris, conjoints, bienfaiteurs et autres...

Elles les appellent des prisonniers politiques car c’est le terme utilisé par Lavalas pour designer ses partisans emprisonnés. Je n’ai pas retenu leurs noms(?). Néanmoins j’ai retenu d’autres détails plus intéressants.

La femme de l’un de ses prisonniers a pris la parole pour dire qu’ils sont des pauvres, des fils de pauvres, des "malheureux" (malere). J’ai trouvé cela intéressant car les personnes participant à la manifestation portaient des maillots imprimés pour l’occasion, la question est où est-ce que ces soi-disant “pauvres” ont-ils pu trouver l’argent pour payer pour ces maillots? Ils étaient tout au moins une douzaine de personnes. La deuxième fois que je les ai vues, la dame en question avait l’air de sortir tout juste d’un studio de beauté, maquillée, manucurée, ses cheveux étaient coiffés comme pour aller à un bal et elle n’était pas modestement vêtue, pourtant elle répétait encore qu’ils étaient des “pauvres”, sans doute l’image que j’ai d’un pauvre ne correspond pas à la réalité des “pauvres” de mon pays car il me semble que même dans un pays riche les pauvres sont plus pauvres que cette dame. Ou peut-être ne se rend-elle pas encore compte qu’elle n’est plus pauvre en supposant qu'elle l'ait effectivement été à un moment donné. J’ai du mal à accorder le bénéfice du doute à ces personnes, en effet j’arrive difficilement à croire qu’ils ne savent pas ce qu’ils font.

Toujours au cours d’une de ces “manifestations”, une des dames présentes a cité le nom d’un ex-policier (Anthony Nazaire) qui était affecté à Tabarre. Elle disait comment ce monsieur était bon envers les gens de la zone, combien il était généreux et comment la justice n’avait rien à lui reprocher, comment ils seraient heureux qu’il leur soit rendu etc....

Moi je vous dirai que ce monsieur dont elle parlait est un monsieur qui était proche de l'ancien président et qui s'était arrogé le droit de s'approprier les terres de bon nombre de personnes de la zone de Tabarre. Il prenait les terres qu'il voulait car il avait les armes et le pouvoir nécessaire pour intimider les gens, et je dis bien, il les prenait, ne pensez pas qu'il négociait avec les propriétaires, d'ailleurs à quoi bon payer pour quelque chose que l'on peut avoir gratuitement. Bien entendu, aucun juge, aucun avocat, aucune autorité policière ne pouvait venir au secours de ces propriétaires qui ne pouvaient que constater de loin que ce monsieur avait bâti sur leur propriété. Pour ceux qui ne vivent pas dans le pays, vous aurez deviné qu'ils sont nombreux les policiers et autres personnes armées qui envahissent les propriétés des gens pour y bâtir des maisons ou bien encore pour se les approprier et les vendre à d'autres personnes. Ceux qui vivent encore dans ce pays savent très bien de quoi je parle.

Bien entendu cette dame qui réclamait que ce monsieur soit libéré fait peut être partie d'un nombre de plus en plus croissant d'haïtiens qui croient que l'argent n'a pas d'odeur. "Il me permet de me nourrir et de nourrir mes enfants, qu'importe s'il a dû égorger quelques personnes pour avoir cet argent, qu'importe s'il a volé, pillé, l'important c'est qu'il est généreux avec moi et que grâce à lui je peux manger". Ventre affamé n'a point d'oreille dit-on, il n'a peut être pas de conscience non plus.

Ecœurement, frustration, colère, je ne sais trop ce que j'éprouve en écoutant et en regardant ces gens, ils sont semblables à ceux qui disent à tort et à travers que "l'élite" veut garder la masse populaire dans la pauvreté. Il me semble que ceux qui veulent garder une bonne partie de la population dans la pauvreté ne sont pas ceux que l'on croit.

Non ce n'est pas l'élite économique, pourquoi? Eh bien parce que cette élite à intérêt à ce que le niveau de vie de la majorité soit plus élevé plus ils auront d'argent, plus ils pourront consommer des produits mis sur le marché par cette soit disant "élite" et (surtout) moins ils seront attentifs aux extrémistes de tout bord qui les pousseraient à faire des actions contre eux car ils auront moins de raison de se plaindre de leur sort.
Ce n'est pas non plus l'élite intellectuelle car elle aussi à intérêt à ce les pauvres ne le soient plus, tout intellectuel aime avoir en face de lui des personnes éduquées avec lesquelles partager ses réflexions, échanger ses idées, c'est naturel non?

Mais le mouvement lavalas, qu'a-t-il à gagner dans une amélioration des conditions de vie des personnes les plus pauvres de la population? Rien vous dis-je, car alors il perdrait son fond de commerce, il perdrait sa base, il ne pourrait plus prétendre parler au nom des plus pauvres et des exclus qu'il dit être majoritaires dans le pays. Il a donc intérêt à ce que les gens restent pauvres et exclus car alors il aura une arme manipulable à souhait pour faire peur aux élites, alors il aura toujours un prétexte pour justifier son existence et prétendre à une soi-disant légitimité car il pourra toujours dire qu'il parle au nom d'une majorité d'Haïtiens. Non seulement Lavalas a intérêt à ce que les pauvres le reste mais encore il a intérêt à ce que de plus en plus de personnes rejoignent ce groupe "d'exclus", de "marginaux" (j'essaie d'utiliser leurs propres mots), de personnes n'ayant pas d'emploi, ne pourvant pas se nourrir, ne pouvant pas envoyer leurs enfants à l'école ou bien encore ne pouvant pas avoir accès aux soins de santé. Lavalas a intérêt à ce que les choses aillent mal et qu'elles ne s'améliorent pas, c'est pourquoi Lavalas ne construit pas, pensez-y un peu, que signifie Lavalas, l'eau qui emporte tout sur son passage.


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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Et pourtant les "regimes" lavalas sont les seuls a avoir construit des ecoles sur les 20 dernieres annees ...

yon ayisyen a dit…

Cette question, me semble-il, peut être approchée de manière très scientifique.

Considérez les 20 dernières années et dites-moi combien d'entre elles ont été des années de pouvoir Lavalas? Ensuite bien entendu, soustrayez les années des autres régimes; vous pouvez les diviser suivant les différents régimes si vous le désirez.
A présent, puisqu'il me semble que vous êtes au courant du nombre total d'écoles construites au cours de ces 20 dernières années vous allez les regrouper par régime et diviser le nombre trouvé par le nombre d'années de chaque régime respectivment. Vous obtiendrez une moyenne par année pour chaque régime.

Vous pouvez vous en arrêter là mais je suggère une considération encore plus pertinente à mon avis. Une école ne consiste pas [uniquement] en un bâtiment, ou un immeuble, une école ce sont [aussi], des élèves et des instituteurs en faisant abstraction du matériel scolaire et des cantines. Combien de ces "écoles" fonctionnent réellement? Combien ont des instituteurs? Un budget?

J'avoue ne pas connaître les réponses à ces questions mais je suis sûr qu'il n'en est pas de même pour vous.

En dernier lieu j'aimerais vous demander ceci: vivez-vous dans le pays?