lundi, février 27, 2006

Lecture

Je vous invite à lire ce texte de Charles Vaugirard sur la situation en Haïti.


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mercredi, février 22, 2006

Ironique

Haïti n'est pas seulement un pays de paradoxe mais aussi un pays d'ironie.

Le lendemain des élections de mai 2000, organisées à quelques mois de la fin du mandat du président Préval, les bulletins de vote s'étaient retrouvés dans les piles de détritus et sur la chaussée au bas de la ville. A l'époque, l'opposition avait accusé le gouvernement de fraudes, la police avait aussi été pointée du doigt; en fin de compte, le président du CEP avait dû laisser le pays sous la pression du président de l'époque et de l'ex-président Aristide et surtout des hordes Lavalassiennes qui avaient investi les rues et réclamaient leurs résultats. Les manifestants ne mentionnaient pas les bulletins retrouvés dans la rue, cela importait peu. Qu'importe si le vote du "peuple" était jeté moins de 24 heures après les élections, le "peuple" connaissait déjà son résultat de toute façon. Et de fait, le parti Lavalas a été le grand vainqueur de ces élections à la plus grande joie de ses militants qui avaient occupé le "béton".

Mais qu'arrive-t-il en février 2006? Le pays est dirigé par un gouvernement provisoire et des élections présidentielles et législatives sont organisées par un conseil électoral tout aussi provisoire. Près d'une semaine après ces élections des urnes et bulletins sont retrouvés à la décharge publique. Scandale parmi les supporteurs de Préval qui sont pour la plupart des supporters ou militants du mouvement Lavalas. "Le vote du peuple a été jeté aux ordures", disent-ils. "Ils on volé mon vote". "Ils ont volé le vote du peuple". "Le peuple a voté pour Préval, donnez-nous Préval". "Nous avons déjà voté, nous ne voterons pas de fois".
Faut-il vraiment que je commente cette attitude? L'hypocrisie à son comble. Malheureusement je suis sûr que bon nombre d'observateurs extérieurs prendront fait et cause pour ces gens là, ils les croiront de bonne foi, mais ce sont en réalité des hypocrites. La fraude électorale ils s'en accommodent du moment qu'ils l'ont eux-même organisée et qu'elle tourne à leur avantage sinon ils la dénoncent comme un crime ignominieux.

Ceci étant dit, la MINUSTHA qui était chargé du transport et du stockage des urnes et bulletins de vote a déclaré que toutes les urnes et tous les bulletins qui lui ont été remis sont encore sous clés et qu'il fallait demander au CEP s'il avait réellement remis à la MINUSTHA toutes les urnes et tous les bulletins. Le porte-parole de la MINUSTHA a aussi indiqué que des cas de vols de matériel électoral avaient été enregistrés. Je me demande pourquoi cette dernière information n'avait pas été rendue publique plus tôt. Nous saurons peut-être la vérité sur cette histoire dans quelques années, peut-être...

Pour en ajouter à l’ironie, le directeur général du CEP a dû laisser le pays (En/Fr en 2000 c'était le président, au moins ils ont sû faire preuve d'imagination ). Une ferme qu’il possédait a été sacccagée, il aurait aussi subi des menaces. La question est, est-ce qu’une seule personne de ce pays croit vraiment que le CEP arrivera "tout seul" à organiser le second tour des élections? Moi, je n’y crois pas une seule seconde. Attendons-nous à d’autres reports (peut-être) et plus certainement à un autre "bouyi vide" pire que celui du premier tour. C'est sûr, si rien n’est fait, le taux de participation diminuera.


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samedi, février 18, 2006

Pèp la - Candidat VIP

Je ne fais pas partie du peuple haïtien, cela fait des années que le mouvement Lavalas me le rappelle. Certes je suis haïtien de part ma nationalité mais lorsque les manifestants partisans de LESPWA parlent du peuple qui est sorti pour voter Préval je suis certain qu'ils ne m'incluent pas dans ce peuple dont ils parlent. "Pèp la fin vote, li pap vote de fwa" [Le peuple a fini de voter, il ne votera pas deux fois]. Ceux qui avaient prévu un deuxième tour éventuel se sont donc trompés.

J'ai lu dans la presse étrangère que les Haïtiens ne sont pas habitués à des élections présidentielles où un candidat n'émerge pas incontestablement du lot. Il a raison dans un sens mais au fond les Haïtiens ne sont pas du tout habitués aux élections ni à la démocratie d'ailleurs. Les partisans de René Préval ne "réclamaient" rien de moins que leur candidat soit "proclamé" vainqueur dès le premier tour et ce même avant la comptabilisation de la totalité des procès verbaux en provenance des centres et bureaux de vote. Ils n'acceptent pas que les votes blancs soient comptés [conformément au décret électoral], ou plus précisément ils en contestent le nombre, au fond la finalité est la même. Question: pourquoi contester la comptabilisation des votes blancs maintenant et non pas dès l'année dernière lors de la publication du décret électoral? Réponse: parce que le fait de compter les votes blancs parmi les votes valides ne favorise pas leur candidat.

Après rencontre avec le président, le Premier ministre et le CEP, il a été décidé de former une commission (encore une) composer de membres du CEP, du gouvernement et du groupe LESPWA qui sera charger de vérifier les procès verbaux. Or le décret électoral a déjà prévu une période de contestation après publication des résultats officiels pour tous ceux qui voudraient contester les résultats. Mais en grand favori qu'il est, le candidat Préval ne saurait être traité comme tous les autres, il faut bien s'assurer des postes dans le futur gouvernement, naturellement, et entrer d'ores et déjà dans les bonnes grâces du futur président. Car bien avant les élections, nombreux sont ceux qui prédisaient déjà une victoire facile de l'ex-Président Préval, surtout au niveau de la presse étrangère. Alors LESPWA a le droit de contester les résultats avant même leur publication les autres candidats n'ont qu'à se résigner à attendre la période prévue pour les contestations après tout, ils ne sont pas Préval. La loi et les décrets ne sont valable ni pour René Préval ni pour ses partisans.


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Préval ex-président

J'aurais aimé avoir un style éloquent, coloré, agréable à lire, mais hélas, que dire, ce pays me déprime beaucoup trop.

Les hordes Lavalassiennes ont investi les rues comme au bon vieux temps, le temps de Préval, le temps d'Aristide, où les militants Lavalassiens prenaient les rues pour dire tout haut la volonté de leur chef qu'ils disaient être celle du peuple. Les écoles sont obligées de fermer, l'administration publique ne peut pas fonctionner pas plus que le commerce ou le secteur financier. Le peuple serait-il réduit à quelques militants d'un mouvement politique aussi nombreux soient-ils? Je ne le crois pas, il n'en sera jamais ainsi. Malheureusement, le peuple semble ne pas avoir de volonté propre.

Je ne conçois pas qu'une personne sensée, de bonne foi, veuille que Préval devienne président de ce pays. Un homme qui avait dit au peuple de nager pour s'en sortir. Eh pourtant, contrairement à son habitude, le peuple se rappelle ses paroles, qui ont inspiré de nombreuses chansons. Mais il me semble qu'il en a oublié le contexte. Mais d'un autre côté peut-être que le peuple s'en moque, comme d’habitude... "...Ba nou Preval..." disent-ils.

Je garde un seul souvenir de Préval à la télévision du temps de sa présidence, c’est celui du naufrage du Neptune. Il avait un paquet de cigarettes dans la poche de sa chemise et parlait comme à l'accoutumée, et moi je me disais qu'il aurait pu au moins feindre... J'aurai beau chercher mais je ne trouverai pas un seul souvenir heureux de ce président. Voyez-vous, en 1997 je n'avais que 17 ans. A l'époque déjà, je pensais que Préval, avait pu être élu président uniquement parce qu'après près de trois ans d'embargo le peuple était las et qu'il aurait accepté n'importe qui car l'embargo l'avait rendu presque apathique, tétanisé. Alors Préval était devenu président, mais ce qui importait le plus était le fait qu'enfin les produits alimentaires et autres produits de première nécessité étaient à nouveau disponible sur le marché à un prix plus élevé qu'avant l'embargo mais ce n'était plus les prix du marché noir, le soulagement. Mais il a fallu se réveiller car la situation allait en s'empirant. La corruption, les crimes, le népotisme, l'impunité et peu de temps avant la fin de son mandat il a jugé bon de laisser à la postérité rien de moins que le souvenir de l'usurpation des résultats des élections organisées durant sa présidence. Sous la présidence de Préval, certaines personnes au sein même du gouvernement avaient des intérêts dans ces Universités privées et en profitaient pour détourner l'aide destinées à l'Université. Le plus malheureux en ce qui concerne ces pratiques est le fait qu'elles perdurent.


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Encore en retard

Veuillez excuser le décalage entre le déroulement des événements et le moment où je mets ces écrits en ligne, que voulez-vous? Je ne suis qu’un Haïtien moyen, je n’ai pas de connexion à Internet chez moi (pas encore!).

vendredi, février 17, 2006

Les Flatteurs

"...tout flatteur vit aux dépends de celui qui l'écoute" Jean de la Fontaine

Les politiciens et autres, diplomates, fonctionnaires de l'ONU, ne ratent pas une seule occasion de flatter le "peuple" haïtien qui a donné un bel exemple, une leçon [même] de démocratie au monde entier et fait preuve, selon certains, de "maturité" politique. Je dirai au risque de choquer ou de décourager certains lecteurs que tous ceux, sans exception aucune, qui utilisent l'expression "maturité politique" en parlant du comportement des électeurs haïtiens sont des démagogues et très probablement des Lavalassiens. Ceci étant dit, je n'ai pas été voter, de même que plus d'un million d'électeurs potentiels. Par contre j'ai pu "admirer" d'abord à la télévision, puis sur Internet le comportement tant louer de mes compatriotes, surtout ceux de Port-au-Prince.

Par voie de presse, le CEP a fait connaître à la population qu'ils pourraient voter de six heures du matin jusqu'à quatre heures de l'après-midi. En voyant cette annonce à la télévision, j'ai eu envie de prendre le téléphone pour les appeler et de leur dire que ce n'était pas du tout raisonnable de leur part et qu'il aurait sans doute mieux fallu ouvrir les bureaux un peu plus tard ce qui serait plus réaliste, mais il était trop tard, de toute façon ces messieurs et dame du CEP n'en sont pas à leur première décision non-raisonnable. Aussi, ce qui devait arriver arriva.
Alors que les électeurs avaient commencé à se mettre en ligne bien avant l'heure d'ouverture prévue, les bureaux n'ont ouvert que des heures plus tard. Ce qu'il faut savoir c'est qu'un centre de vote regroupe plusieurs bureaux de vote et qu'après avoir accédé au centre de vote, l'électeur doit ensuite se rendre au bureau approprié pour voter car son nom ainsi que sa photo son censés figurer sur la liste électorale partielle de ce dit bureau. Sachant que bon nombre d’électeurs ne savent pas lire vous imaginez un peu la difficulté que présente cette démarche.

Dans certains centres de votes, les électeurs ont forcé l'entrée avant l'ouverture car ils étaient impatients de voter ; dans d'autres, ils ont attendu l'ouverture mais ils se sont bousculés pour entrer. Les photos de ces bousculades sont partout dans la presse sur Internet. Rappelez-vous, en principe, après avoir pénétré dans le centre de vote, il faut trouver le bureau dans lequel vous devez voter. En réalité, dans de très nombreux centres, face à la pression de la foule qui ne pouvait plus attendre pour voter et qui avait pénétré par la force dans le centre de vote, les responsables de ces centres ont laissé les électeurs présents qui n'arrivaient pas à trouver leur bureau, voter dans n'importe quel bureau. Des personnes que je connais personnellement ont même voté dans des centres autres que ceux auxquels ils avaient été envoyés. Dans de nombreux centres et bureaux, le registre électoral partiel n'a pas beaucoup été utilisé. Or ce fameux registre électoral a été cité par les membres du CEP comme un des grands acquis du processus électoral avant même la tenue des élections.

Je ne veux pas donner l'impression que ces élections n'étaient pas du tout crédibles néanmoins il est important de souligner les irrégularités qui ont eu lieu afin de les corriger la prochaine fois si prochaine fois il y aura et surtout si le souci d'organiser des élections honnêtes anime toujours les membres du CEP.

Les citoyens haïtiens étaient heureux d'aller voter c’est certain, ils l'étaient encore plus d'avoir pu le faire effectivement. A mon tour de saluer le courage des citoyens qui malgré les mauvaises expériences passées ont accepté de participer au scrutin en très grand nombre en espérant que leurs voies seront comptées. Je ne saluerai pas leur maturité politique car malheureusement, à mon avis la majorité de ces électeurs ne sait pas ce que c’est qu’une élection, je n'exagère pas en disant cela, il suffit d'écouter les slogans pro-Préval dans les rues pour s'en convaincre.

L'un des plus gros problèmes avec ces élections est le fait que de trop nombreux électeurs n'avaient pas la moindre idée de ce qu'ils devaient faire pour voter. Ils ne savaient pas quoi faire des bulletins qui leur étaient remis [Wycleff Jean peut en témoigner]. Dans le meilleur des mondes, un membre de bureau les aiderait sans influencer leur choix, sans doute ce fut le cas pour certains mais à beaucoup le choix a été disons "suggéré".

Dans la quasi-totalité des bureaux, les isoloirs ne reflétaient pas la fortune dépensée pour ces élections. Des isoloirs en carton qui n'isolent personnes, d'ailleurs beaucoup s'en sont passés. Il me semble que la notion même d'isoloir n'est pas encore entrée dans notre culture.

J'avais été voté en 2000 pour les législatives et locales, mon premier vote, à l'époque déjà je m'étais donné beaucoup de mal pour que les membres du bureau de vote et les autres électeurs ne voient pas pour qui je votais. Mais dans ce pays, je fais partie d'une minorité qui trouve cette situation anormale. Pourtant, cet état des choses pose un problème assez grave à mon avis. Pour bien le comprendre, il convient de se rapporter au cas de Cité Soleil. Les électeurs de Cité Soleil, ont été voter dans quatre centres de vote dont l'immeuble 2004.

J'ai suivi sur Télé Guinen le déroulement du vote dans ce centre de vote. Au moment où Télé Guinen filmait, les soldats de la MINUSTHA, les étrangers (journalistes et autres) présents sur place semblaient être tous restés à l'extérieur contrairement à ce que j'avais pu constater à un autre centre de vote où j'avais vu un observateur étranger se tenir jusque devant des urnes pour "observer" et prendre des notes. La situation à l'intérieur était des plus chaotique. Au milieu d'une foule dense se tenaient les bureaux où chacun votait comme il peut sans se fatiguer pour aller jusqu'à un éventuel isoloir. De nombreuses personnes qui ne votaient pas étaient aussi présentes à l'intérieur, ils se tenaient là ou se déplaçaient dans le plus grand désordre. N'importe qui pouvait voir pour qui une personne votait. Or, à par les raisons de sécurité évoquées pour placer les centres de vote hors de Cité Soleil, l'autre raison était pour empêcher que ces personnes ne votent pour un candidat sous la contrainte. Mais comment quelqu'un dans de telles conditions aurait-il pu prendre le risque de voter pour quelqu'un d'autre que Préval? Les autres personnes présentes auraient su qu'il a voté pour un autre candidat et il n'aurait peut-être pas pu rentrer chez lui ensuite. Personnellement, je ne pense pas que j'aurais pris ce risque. Il a même été rapporté que certains chefs de gangs recherchés par la police ont été voter dans les centres de vote réservés aux habitants de Cité Soleil. Un des électeurs à ce centre de vote [l’immeuble 2004] affirmait que le peuple de Cité Soleil était sorti massivement pour voter Préval, il a aussi eu à dire que s'il racontait ce qui se passait dans ce centre le journaliste ne le croirait pas.

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jeudi, février 16, 2006

Bouyi vide - Le Désordre

Les lignes qui suivent sont une compilation de ce que j'ai retenu de la journée électorale du 7 février 2006.

Haïti est un pays de désordre, non seulement les Haïtiens sont désordonnés mais encore ils se complaisent dans le désordre. [Je tiens à rappeler que je suis moi-même Haïtien]. En dépit de tous les éloges faits par les membres du CEP, les membres du corps diplomatique, les observateurs nationaux et internationaux et d'autres encore, le mot qui résumerait le mieux cette journée de vote n'est ni démocratie, ni civisme mais plutôt désordre.

Ayant exercé mon droit de ne pas aller voter, j'ai suivi cette journée de vote à la télévision et aussi un peu à la radio, j'ai aussi discuté avec quelques électeurs qui eux avaient choisi d'exercer leur droit de vote.

Un électeur qui a pu voter tôt dans la matinée du 7 février m'a rapporté ce qui suit: Un électeur dont le nom ne figurait pas sur la liste d'un certain bureau s'y est présenté, il n'a pas voté et est reparti. Après son départ, les membres du bureau déclarent que cet électeur doit quand-même voter alors qu'il était déjà parti, il n'était pas question d'aller le chercher mais plutôt qu'ils le fassent voter.

A la télévision, j'ai vu et entendu Osner H. Févry, un membre de la Commission de Garantie Electorale dire aux citoyens dont les noms ne figurent pas sur le registre du centre/bureau auquel ils devaient voter qu'ils pourront voter, "...même si leur nom ne figure pas sur le registre électoral partiel, un procès verbal sera dressé pour eux" et ils voteront car "...il faut qu'ils participent aux élections". Il a appelé les citoyens munis de leur carte électorale qui avaient fait le déplacement jusqu'aux centres de votes à ne pas repartir chez eux sans voter.

En même temps, le porte-parole du Conseil Electoral déclare que les électeurs ne pourront voter à un bureau de vote que si leur nom et leur photo figure sur la liste électorale partielle de ce bureau.
[Plus tard le CEP a admis des omission dans le registre électoral partiel et a autorisé les membres des bureaux de vote à laisser voter les personnes qui auraient dû en principe voter dans un bureau, il faut néanmoins qu'un procès verbal soit rédigé pour ces cas spéciaux].

Sur une autre chaîne de télévision, un journaliste explique aux citoyens que le CEP a déclaré qu'une personne munie de sa carte électorale peut aller voter dans n'importe quel bureau de vote, "..pourvu que vous ayez votre carte...". Ceci a été démenti par le président du CEP après les élections mais le mal était déjà fait. De nombreuses personnes ont été voter dans des bureaux autres que ceux auxquels ils avaient été envoyés. [Décidément l'apprentissage de la démocratie est rude].

Les "isoloirs", apparemment trop bon marché, placés dans les bureaux de vote n'ont très souvent pas joué leur rôle. La plupart [pas tous] des personnes que je connaisse et qui m'ont parlé de leur expérience ce jour là ont du "prendre leur temps" et attendre que les yeux indiscrets se détournent avant de pouvoir enfin faire la croix sur le bulletin présidentiel car ils étaient observés par des partisans de LESPWA [non pas les mandataires] dont ils craignaient les réactions. En l'an 2000 j'avais été voter et la situation n'était pas bien différente, cela fait presque six ans et nous en sommes encore là.

Certains craignaient l'insécurité mais c'est le désordre qu'il fallait craindre. Les électeurs déploraient le nombre insuffisant de policiers nationaux dans les centres de vote et l'absence de la MINUSTHA, dans certains bureaux des policiers supplémentaires ont été appelés en renfort, les quelques-uns présents sur place étaient vite dépassés.

Un électeur [habitant de Cité Soleil selon ses propres déclarations] a déclaré au micro de Télé Guinen que le CEP avait intérêt à respecter le vote du "peuple", à savoir, "...le choix de René Préval pour président", il ajouta même, qu' "...au lieu d'enlever la victoire à René Préval, il valait mieux aux membres du CEP de faire le choix de Léon Manus ou encore celui du général Bacellar". Venant de la part d'un supporteur de LESPWA ce type de discours ne devrait étonner personne, Préval n'avait pas tenu un discours très différent en l'an 2000. [Léon Manus était le président du CEP et avait dû fuire le pays avant la proclamation des résultats des élections contestées de mai 2000 alors que René Préval était président et le général Bacellar était le commandant des forces de la MINUSTHA dans le pays, il a mis fin à ses jours]

Les personnes à qui on a dit où faire la croix ne se comptent plus.

A la télévision on voyait les électeurs de Cité Soleil qui ont été voter à l'immeuble 2004 où les isoloirs n'existaient que de nom. Lorsque l'on sait que les bureaux de vote avaient été placés hors de Cité Soleil pour éviter que les électeurs soient contraints de voter pour tel ou tel candidat. Imaginez un instant, un habitant de Cité Soleil qui décide de voter un autre candidat que celui des militants qui sont en train de regarder où est-ce qu'il fait le croix. Pensez-vous qu'il aura le courage de voter pour un candidat autre que le leur?

Des partisans de LESPWA avaient manifesté en dépit de l'interdiction de manifester pendant toute la période électorale jusqu'à la publication des résultats officiels des élections, toute propagande ou publicité en faveur des candidats était aussi interdite. Mais la loi et les décrets ne sont valable ni pour René Préval ni pour ses partisans.

Pour finir, un point non soulevé par les médias, certaines personnes ont été voter uniquement parce qu'ils croient qu'après le vote une fiche sera apposée sur leur carte et que cette CIN ne sera valable qu'avec cette fiche.



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samedi, février 04, 2006

Des histoires vécues par des Port-au-Princiens

Je vais vous raconter quelques histoires, elles m'ont été racontées par des gens que je connais, ou encore par des membres de ma famille. Je ne garantis pas qu'elles sont toutes à 100% véridiques mais en générale les personnes qui me les racontent les ont entendues d'une personne directement affectée ou impliquée. J'ai tenu à le faire pour deux raisons principales, la première étant le fait que les élections détournent l'attention du public des question d'insécurité, la deuxième étant le fait que j'enrage à chaque fois que j'entends des personnes cherchant à justifier les actions des criminels qui terrorisent la population. Le général Heleno disait en son temps: "c'est la misère, la faim qui poussent les gens à commettre ces crimes", j'ai envie de dire que c'est une insulte pour tous les pauvres haïtiens qui crèvent de faim et qui ont quand même fait le choix de ne pas devenir des criminels, d'autant plus que l'on sait que ces criminels ne font pas tous partie de la classe la plus défavorisée de la population. L'on sait aussi, pour prendre le cas de Cité Soleil que les chefs de gangs sont sur le payroll de toutes les compagnies qui ont leurs usines, entrepôts et autres dans la zone. Ils sont bien obligés d'entretenir ces criminels car ils savent qu'ils sont à leur merci.

Voici des histoires vécues par des gens ordinaires.

  • Une dame est allée retirer un peu d'argent à la BNC près du stade Sylvio Cator, elle n'a pas de voiture privée. Elle sort de la banque, monte dans un taxi et deux hommes montent après elle. Elle ne s'en méfie pas. L'un d'eux se retourne vers elle et lui braque une arme au visage, son cœur est prêt de lâcher, elle se retourne vers l'autre qui s'était assis à côté d'elle, il soulève sa chemise pour lui montrer son arme, elle est prise au piège. L'un d'eux dit au chauffeur : "...ne vous inquiétez pas, nous ne voulons rien de vous, c'est cette dame qui vient de prendre un argent à la banque, elle doit nous le donner". Le chauffeur continu à conduire, ils prennent l'argent, le chauffeur s'arrête, ils s'en vont. [Ce genre d'histoire est malheureusement très courant].

  • Un monsieur se trouve en ville, sur les galeries où il regarde les radios. Alors qu'il marchande, il sent un objet métallique froid collé sur son dos, il se retourne uniquement pour constater qu'il est encadré par deux hommes dont l'un tenant son arme contre son dos. Ils le tiennent par le bras, dissimulent l'arme qui reste pointée sur lui et s'en vont avec lui comme trois bon amis en direction du bel air. Il a été kidnappé en plein rue en présence de tous les marchands. Les trois hommes passent devant les policiers qui ne se doutent de rien. Ils entrent dans le quartier et immédiatement, le kidnappé est salué par des gens qui le reconnaissent. Il a grandi au bel air. Ils parcourent quelques mètres et d'autres personnes encore le saluent et lui demandent des nouvelles de sa famille. Les salutations continuent, il est reconnu de beaucoup de gens. Les kidnappeurs voyant qu'il est du quartier se décident alors à le relâcher, ils lui demandent toutefois de leur payer le déplacement, ce qu'il fait.

  • Un homme se trouve à son bureau, il travaille près de cité soleil, il se lève un moment de sa chaise et se déplace, une balle traverse la fenêtre et atteint sa chaise.

  • Un groupe de jeunes est en voiture, sur la route nationale numéro 1, le chauffeur ralenti car un enfant se trouve sur la route, il semble ramasser un objet. Arrivé tout près de l'enfant, celui-ci se retourne pour les regarder et se met à rire. Un groupe d'hommes armés surgit et les contraint à donner tout leur argent, bijoux etc. Ces hommes les laissent ensuite repartir.

  • Un homme d'un certain âge se fait agresser chez lui. Des individus pénètrent dans sa maison, lui réclament de l'argent et lui tirent dessus. Il vit à quelques minutes d'un commissariat de police.

  • Un homme se fait kidnapper avec quelques autres personnes alors qu'ils passaient près de cité soleil en voiture. Les kidnappeurs apprennent que l’homme est affilié à une église de la ville. L'un d'eux se rend à l'église pour réclamer de l'argent du pasteur de l'église pour la libération des personnes kidnappées.

  • Une femme se fait kidnapper alors qu'elle sort d'un service religieux, elle est kidnappée devant l'église même. Le mari résiste un peu, il ne veut pas payer. La femme est maltraitée, le mari se décide à payer, la femme est alors libérée.

  • Un homme se fait kidnapper en pleine salle de classe, en présence de ses étudiants par des individus lourdement armés. Il est séquestré. Alors que les kidnappeurs négocient avec sa famille, il est maltraité. Dans le lieu où il est retenu, une femme est aussi prisonnière. Ils lui font subir toute sorte de sévices y compris sexuels. Ces deux personnes sont libérées après paiement d'une rançon par leurs proches. L'homme s'en remet plus ou moins, mais la femme rentrée chez elle ne s'en est pas remise. Elle a fini par se suicider. [Le nombre de femmes qui se sont suicidées à la suite d'un kidnapping est assez élevé].

  • Une femme d'un certain âge se fait kidnapper, la famille n'a pas de grands moyens, ils insistent qu'ils ne peuvent pas payer le montant exigé. Les kidnappeurs demandent à des enfants qui gardaient cette dame de lui manger quelques orteils, ils lui en mangent trois. Ils la font souffrir pour forcer la main à la famille. La famille finit par réunir l'argent et l'apporte. Elle reçoit ensuite un coup de fil à deux heures du matin leur indiquant où aller récupérer la dame. Ils l'ont mise sur une pile de fatras, elle agonisait.

  • Deux enfants sont kidnappés, une forte somme est réclamée pour chacun d'eux, les parents n'ont pu trouver qu'une partie de cette somme. Les kidnappeurs estiment que la rançon payée n'est valable que pour un seul des enfants. Ils tuent l'autre enfant, lui coupent la tête et la mettent dans un sac qu'ils remettent à l'enfant encore en vie pour qu'il la ramène à ses parents.

  • Deux hommes kidnappés sont retenus au même endroit. La famille de l'un accepte de payer la rançon, la famille de l'autre ne veut pas payer, ils libèrent les deux hommes, arrivés à un certain endroit, ils disent à celui pour qui la famille n'a pas payé qu'il n'est d'aucune utilité pour la société et que même sa famille n'a pas besoin de lui, il le tuent.


J’ajouterai peut-être encore d’autres histoires à l’avenir.


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Siméus candidat en 2011?

En fin de compte, Dumarsais Siméus n'a fait alliance avec aucun candidat, par contre il a déclaré vouloir de nouveau être candidat en 2011. Il a aussi exprimé sa sympathie pour deux candidats René Préval et Lesly François Manigat.




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La guerre des affiches

A Port-au-Prince, c'est le candidat René Préval qui a commencé avec la guerre des affiches. Alors même que le CEP n'avait pas encore attribué des numéros aux candidats, les rues de la capitale étaient pleines d'affiches pour Préval. Le nombre d'affiche pour les autres candidats paraissait insignifiant tant les affiches jaune de LESPWA semblaientt être partout et prendre toute la place.

A la veille de la fermeture de la campagne électorale, les autres candidats semblent avoir fait de leur mieux pour rattraper ce retard. La plupart des affiches de Préval semblent être vieillies, blanchies alors de Manigat compte de nouvelles affiches toutes neuves et que celles de Baker ont été multipliées.

La question du financement des partis politiques ainsi que celle du financement des campagnes électorales devrait être abordées par les autorités du pays. Le gouvernement n'a donné que 500000 gourdes aux candidats à la présidence et bon nombre d'entre eux avaient déjà dépensé bien plus que cette somme avant même d'avoir reçu le chèque, où ont-ils trouvé cet argent? Loin de dire que tous les partis politiques et tous les candidats sont malhonnêtes, je constate seulement que la population ne se soucie pas de la provenance des fonds dont ils disposent.

Malheureusement, je crains que certains candidats n'aient eu à leur disposition l'argent des contribuables. Je ne serais pas étonné que certains aient reçu de l'argent de trafics illicites car cet argent là est partout dans le pays. Certes je ne doute pas que beaucoup de candidats se soient endettés pour pourvoir faire campagne, ils ne font probablement pas partie de ceux qui disposent des plus grands moyens.

Il parait peu probable que le président et les parlementaires issus de ces élections mettent en question le financement des partis politiques et de la campagne électorale en particulier car eux aussi aurait des comptes à rendre, d'ailleurs tous les gouvernements passés se sont toujours arrangés pour ne jamais rendre de comptes.

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Elections et Insécurité

Tout le monde ne parle que d'élections. A la radio, dans les journaux, à la télévision, la date que tout le monde semble attendre avec impatience est le 7 février, pas plus pour aller voter que pour voir comment les élections se dérouleront.
Cette semaine (ou était-ce la semaine dernière), j'ai vu M. Juan Gabriel Valdes (Représentant spécial et Chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti) à la télévision, il disait que l'insécurité avait diminuée. Ce n'est pas la première fois qu'il faisait ce genre de déclaration, en fait vers la fin de l'année dernière, M. Valdes avait déclaré à plusieurs reprises que l'insécurité avait diminuée et il n'était pas le seul, les autorités haïtiennes faisaient aussi les mêmes déclarations encore et encore.

Entre temps, une personne que je connaissais se faisait tuer en plein jour et en pleine rue alors que les personnes qui l'accompagnaient etaient kidnappées. Entre temps, les responsables intoxiquaient la population à coup de "l'insécurité a diminué". Matin, midi, soir c'est tout ce que l'on pouvait entendre dans les médias, la diminution de l'insécurité, ils le répétaient comme pour s'en convaincre. Mais j'avais du mal à en être convaincu. Malheureusement, il m'a semblé que j'étais une exception.

Au cours de cette même semaine, un ami à qui je faisais remarquer qu'il était imprudent de sa part d'utiliser les transports en commun à une heure avancée de la soirée pour rentrer chez lui, (sachant qu'il doit faire un bout de chemin à pied dans une zone qui n'est pas réputée sûre) m'a dit: "L'insécurité a diminué ces jours-ci". L'intoxication avait donc atteint son objectif, les gens répétaient ces propos que je ne sais comment qualifier. J'ai rappelé à mon ami le cas de cette personne qui avait été assassiné quelques jours au paravent, cet assassinat avait fait la une des journaux, il s'en rappelait. Combien d'autres ont été assassinés cette semaine sans que la presse n'en fasse écho, sans que je n'en sois mis au courant car je ne les connais pas? Ils sont nombreux, mais à cause des élections il faut rassurer les gens, quitte à leur mentir, "vous êtes plus en sécurité dans les rues maintenant que vous ne l'étiez avant". Mais la vérité est toute autre.

Au mois de décembre le nombre de kidnapping a augmenté de façon spectaculaire, les gens se sont laissés aller, ils ont baissé leur garde et ont été surpris, les kidnappeurs voulaient peut-être s'offrir des cadeaux de Noël ou bien encore des étrennes au dépends d'honnêtes citoyens et citoyennes. Mais les autorités concernées étaient peut-être trop occupées à assurer la sécurité du processus électoral pour s'en soucier.

Février 2006, Monsieur Valdes nous dit encore que l'insécurité a diminué. Comment? Pourquoi? Les kidnappings continuent de plus belle, des personnes se font enlever en plein jour en public par de véritables commandos. Les rues sont plus sûres nous dit-on. Les assassinats, les vols perpétrés par des bandits lourdement armés continuent de plus belle.

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