Haïti n'est pas seulement un pays de paradoxe mais aussi un pays d'ironie.
Le lendemain des élections de mai 2000, organisées à quelques mois de la fin du mandat du président Préval, les bulletins de vote s'étaient retrouvés dans les piles de détritus et sur la chaussée au bas de la ville. A l'époque, l'opposition avait accusé le gouvernement de fraudes, la police avait aussi été pointée du doigt; en fin de compte, le président du CEP avait dû laisser le pays sous la pression du président de l'époque et de l'ex-président Aristide et surtout des hordes Lavalassiennes qui avaient investi les rues et réclamaient leurs résultats. Les manifestants ne mentionnaient pas les bulletins retrouvés dans la rue, cela importait peu. Qu'importe si le vote du "peuple" était jeté moins de 24 heures après les élections, le "peuple" connaissait déjà son résultat de toute façon. Et de fait, le parti Lavalas a été le grand vainqueur de ces élections à la plus grande joie de ses militants qui avaient occupé le "béton".
Mais qu'arrive-t-il en février 2006? Le pays est dirigé par un gouvernement provisoire et des élections présidentielles et législatives sont organisées par un conseil électoral tout aussi provisoire. Près d'une semaine après ces élections des urnes et bulletins sont retrouvés à la décharge publique. Scandale parmi les supporteurs de Préval qui sont pour la plupart des supporters ou militants du mouvement Lavalas. "Le vote du peuple a été jeté aux ordures", disent-ils. "Ils on volé mon vote". "Ils ont volé le vote du peuple". "Le peuple a voté pour Préval, donnez-nous Préval". "Nous avons déjà voté, nous ne voterons pas de fois".
Faut-il vraiment que je commente cette attitude? L'hypocrisie à son comble. Malheureusement je suis sûr que bon nombre d'observateurs extérieurs prendront fait et cause pour ces gens là, ils les croiront de bonne foi, mais ce sont en réalité des hypocrites. La fraude électorale ils s'en accommodent du moment qu'ils l'ont eux-même organisée et qu'elle tourne à leur avantage sinon ils la dénoncent comme un crime ignominieux.
Ceci étant dit, la MINUSTHA qui était chargé du transport et du stockage des urnes et bulletins de vote a déclaré que toutes les urnes et tous les bulletins qui lui ont été remis sont encore sous clés et qu'il fallait demander au CEP s'il avait réellement remis à la MINUSTHA toutes les urnes et tous les bulletins. Le porte-parole de la MINUSTHA a aussi indiqué que des cas de vols de matériel électoral avaient été enregistrés. Je me demande pourquoi cette dernière information n'avait pas été rendue publique plus tôt. Nous saurons peut-être la vérité sur cette histoire dans quelques années, peut-être...
Pour en ajouter à l’ironie, le directeur général du CEP a dû laisser le pays (En/Fr en 2000 c'était le président, au moins ils ont sû faire preuve d'imagination ). Une ferme qu’il possédait a été sacccagée, il aurait aussi subi des menaces. La question est, est-ce qu’une seule personne de ce pays croit vraiment que le CEP arrivera "tout seul" à organiser le second tour des élections? Moi, je n’y crois pas une seule seconde. Attendons-nous à d’autres reports (peut-être) et plus certainement à un autre "bouyi vide" pire que celui du premier tour. C'est sûr, si rien n’est fait, le taux de participation diminuera.
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mercredi, février 22, 2006
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